Au cœur du Parc National de la Vanoise, entre Tignes et Champagny, le refuge du Col du Palet passe à l’énergie propre. Grâce à un prototype de pile à hydrogène, capable de stocker et produire l’électricité. une première en Europe



C’est une première en France ! Depuis le moins de juillet 2015, le refugedu Col du Palet, en plein cœur du Parc de la Vanoise, fabrique lui-même son électricité. De façon renouvelable et ce, quelles que soient les conditions météorologiques. C’est grâce au stockage de l’énergie par la technologie de la pile à combustible que le refuge a pu remiser son vieux groupe électrogène, seule façon jusqu’ici de produire du « kw » à cette altitude lorsque les nuages interdisent l’utilisation des panneaux solaires. Perché à 2600 m d’altitude, ce refuge est privé de source d’eau potable dès la fonte des derniers névés l’été. Il faut donc pomper l’eau depuis un lac naturel situé en aval, ce qui réclame énormément d’énergie. Il n’était pas rare jusque-là que les clients soient privés de douche.

Une production d'électricité multipliée par 4

D’autre part, avec l’ancien système, outre la pollution générée par le groupe, plus de 50% de l’énergie produite par les panneaux solaires sur une année était gaspillée, faute de pouvoir être stockée. Avec cette nouvelle pile à combustible, l’énergie générée par des panneaux photovoltaïques à haut rendement est utilisée pour les besoins quotidiens du refuge en saison et le surplus est transformé en hydrogène et stocké dans des réservoirs après électrolyse de l’eau. Le refuge voit sa capacité de production d’énergie multipliée par quatre et sa capacité de stockage par six.



Le système est principalement constitué d’un local indépendant de 9 m2, sur-isolé, ventilé, adapté aux rigueurs hivernales en altitude, pour assurer des conditions thermiques optimales. En effet, pendant l’hiver, il n’est pas rare ici que l’épaisseur de neige dépasse les 3 mètres et atteigne le toit du refuge. Outre les températures extrêmes, le bâtiment doit aussi faire face à des vents qui peuvent quelquefois dépasser les 200 km/h. La température du local est maintenue grâce à des panneaux solaires thermiques. 

La magie de l'électrolyse de l'eau

Le local comporte un électrolyseur, des réservoirs de stockage de l'hydrogène produit par électrolyse de l'eau et une pile à combustible de 2,5 kW. L'hydrogène stocké (jusqu'à 5 kg) permettra de pallier au déficit d'énergie en pleine saison en fournissant les kilowatts manquants grâce à sa transformation en électricité par la pile à combustible.


Pour répondre à ce défi, c'est un consortium de 5 entreprises qui a remporté l’appel d’offre du Parc national. Ce projet est largement cofinancé par le Fonds européen de développement économique et régional (FEDER) dans le cadre de son programme opérationnel interrégional du massif des Alpes ainsi que pour une part par du mécénat d'entreprise. Le coût global avoisine les 200 000 €. Avant qu’il soit envisagé d’équiper d’autres refuges d’un tel équipement, il faut primo que l’essai du prototype s’avère concluant et que le Parc parvienne à diminuer la facture finale. Ensuite seulement, il pourrait être envisagé de développer l’utilisation de pile à combustible sur d’autres sites et favoriser le transfert d’expérience vers les restaurants d’altitude des stations voisines.